Campagne électorale #QC2018
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Au vu du silence assourdissant entourant les enjeux touchant les femmes et les filles, le Y des femmes de Montréal a choisi d’organiser un débat afin de permettre à quatre représentantes des quatre principales formations politiques d’expliquer les positions de leur parti sur des enjeux qui nous préoccupent, des enjeux touchant les femmes et les filles. Nous remercions mesdames Hélène David (Parti libéral du Québec), Catherine Fournier (Parti québécois), MarieChantal Chassé (Coalition Avenir Québec) et Ève Torres (Québec Solidaire) qui ont eu l’occasion de présenter les visions et engagements de leur parti et d’échanger sur des thèmes comme les violences faites aux femmes; la sécurité et le logement; l’immigration, l’inclusion et l’emploi ainsi que l’éducation, la prévention et les relations saines et égalitaires.
Dans le cadre de la présente campagne électorale, nous aurions pu croire, après l’année que nous venons de vivre, que les questions liées aux femmes, notamment la question des violences, auraient préoccupé davantage les partis et les chefs. Après l’année du mouvement #moiaussi, après les scandales de harcèlement sur les campus universitaires, alors que des jeunes filles du secondaire dénoncent des agressions sexuelles à l’école, nous sommes en droit de nous demander «que faut-il faire pour attirer l’attention des élus sur ces questions?».
Comme le souligne Mélanie Thivierge, présidente-directrice générale du Y des femmes de Montréal : « ces enjeux touchent différemment les femmes que les hommes, et certains – comme les violences sexuelles – affectent les femmes de manière complètement disproportionnée et c’est inadmissible. Les femmes et les filles constituent 50% de la population et de l’électorat… Aujourd’hui, le Y des femmes pose la question : pourquoi les enjeux touchant les femmes sont-ils invisibles dans la campagne actuelle? La parité en termes de nombre de candidates ne suffit pas à tout effacer. »
Voici quelques points de réflexion qui ont été abordés lors du débat de ce matin et qui méritent d’être débattus plus amplement.
Violences envers les femmes
Plus de 80% des victimes d’agression sexuelles sont des femmes. Plus des deux-tiers des victimes d’agression sexuelles n’ont pas 18 ans. Seulement une femme sur vingt dénonce lorsqu’elle subit une agression sexuelle et seulement 3 dénonciations sur mille se terminent par une condamnation… La majorité des femmes ne dénoncent pas les violences vécues, car elles ne semblent pas faire confiance aux services de police et au système de justice. La remise en liberté des agresseurs ou les bris de conditions non sanctionnés mettent régulièrement les femmes en danger. Lorsque des femmes victimes de violence conjugale se présentent Tribunal de la famille, les décisions prises en matière de garde d’enfants occultent la sécurité des mères et celle de leurs enfants. Les ressources pour assurer du suivi à long terme pour les victimes sont insuffisantes. Dans le cas des femmes racisées, immigrantes, autochtones, aînées ou handicapées, les données sont tragiquement pires.
Sécurité et logement
La situation des femmes face au logement diffère grandement de celle des hommes. Les statistiques le démontrent : les femmes ont de moins bons salaires que les hommes, elles occupent davantage d’emplois à temps partiel, précaires ou faiblement rémunérés, elles vivent plus longtemps, elles sont les cheffes de familles monoparentales à plus de 80%, et elles sont les principales victimes des violences sexuelles et conjugales. De plus, de nombreux témoignages de femmes locataires font état de violences sexuelles et agressions subies dans leur logement. Sans compter les femmes racisées, immigrantes ou mères monoparentales qui font souvent l’objet de discrimination lorsqu’elles cherchent un logement pour elles et leurs enfants. Il y a TRÈS peu de logements abordables pour les familles, les femmes doivent alors consacrer une trop grande partie de leur revenu pour le logement. Pour ces femmes, quatre murs ne sont pas assez… des projets spécifiques pour répondre aux besoins des femmes, des filles et des familles sont nécessaires.
Emploi, inclusion et immigration
Le haut taux de diplomation des femmes, qui est en croissance constante ces dernières années, donnerait à penser que les taux d’emploi et les revenus des femmes seraient à l’avenant. Pourtant, peu importe sous quel angle on regarde la question (revenue moyen, médian, taux horaire, salaire hebdomadaire, annuel, etc.) les indicateurs de revenus et d’emploi des femmes demeurent systématiquement plus bas que ceux des hommes. 60% des emplois à temps partiels ou faiblement rémunérés sont occupés par des femmes. La rapide croissance du secteur des nouvelles technologies génère de nouveaux emplois, bien rémunérés… et cette croissance se fait sans les femmes, créant de nouveaux « ghettos d’emploi ». Encore ici, quand on y regarde de plus près, on constate également que les femmes issues des minorités ethnoculturelles et les femmes autochtones sont surreprésentées parmi les personnes en situation de précarité économique, tout comme les femmes vieillissantes ou handicapées d’ailleurs. La double discrimination ne pardonne pas…
Prévention, éducation et relations saines
Les inégalités de genre ne commencent pas à l’âge adulte. Elles sont alimentées dès la naissance par une société qui classe l’univers des enfants en « jouets pour garçons » et « jouets pour filles », qui bombarde la jeunesse d’images, publicités, films et vidéos de stars féminines hypersexualisées et d’hommes bronzés et musclés. Le discours actuel est imprégné de stéréotypes qui véhiculent un mépris sous-jacent – très souvent à connotation sexuelle – envers les femmes. On ne penserait jamais à banaliser la violence faite aux enfants, à en rire ou à en faire la promotion, alors pourquoi les commentaires sexistes ou dégradants envers les femmes sont-ils acceptés, passés sous silence, balayés du revers de la main, considérés comme « pas grave, c’est juste une farce » ou normaux?
La banalisation de ces stéréotypes, de la violence et des questions sexuelles dans le discours social, populaire, en ligne et publicitaire a des effets pernicieux graves, sur l’égalité femmes-hommes, sur le développement des relations saines et égalitaires chez nos jeunes, mais aussi sur les agressions sexuelles, le proxénétisme et l’exploitation sexuelle. Rappelons que les deux-tiers des victimes d’infractions sexuelles ont moins de 18 ans, donc qu’elles fréquentent l’école primaire ou secondaire dans leur immense majorité… L’éducation ne devrait-elle pas être le fer de lance pour favoriser des relations saines, égalitaires, respectueuses et sans violence?
Capsules vidéo
1 / 6
Analyse intersectorielle différenciée selon les genres (ADS+)
2 / 6
Violences faites aux femmes
3 / 6
Logement et sécurité
4 / 6
Emploi, inclusion et immigration
5 / 6
Éducation, prévention, relations saines et égalitaires