« On m’a dit que je ne pourrais pas porter mon voile dans le cadre du travail. On m’a posé des questions indiscrètes sur ma famille et on a insisté sur mon pays d’origine. Épuisée, j’ai changé de nom sur mon CV et j’ai obtenu beaucoup plus de retours de la part des employeurs! » – Najat
La voix de Najat n’est pas isolée. Chaque année, des milliers de voix comme la sienne résonnent en chœur sur ce parcours rempli d’obstacles qu’est l’intégration professionnelle des personnes issues de l’immigration.
Le marché du travail québécois difficile à intégrer pour les immigrant.e.s
Les Québécois peuvent bien s’enorgueillir de leur ouverture au monde, les statistiques démontrent que « les immigrants québécois ont plus de difficulté à décrocher un emploi que les immigrants qui vivent en Amérique du nord. » [1] Plusieurs facteurs sont en cause. La barrière de la langue en est un. Obtenir un emploi à Montréal exige souvent la maîtrise du français ET de l’anglais.
L’équivalence des diplômes en est un autre, lié aux exigences des ordres professionnels, mais pas exclusivement. Apparemment, nous aurions collectivement « une incapacité à valoriser, à accepter et à reconnaître les diplômes, les connaissances et les compétences qui ne sont pas […] québécoises ». [2]
Comme si cela ne suffisait pas, les employeurs d’ici auraient tendance à exiger une expérience de travail au Québec. [3] Idéalement, cette expérience devrait être récente et d’une durée suffisamment longue… autre chose avec ça?
Un taux de chômage des immigrant.e.s parmi les plus élevés
Les difficultés d’intégration des immigrant.e.s touchent tous les domaines professionnels. « Montréal a les immigrants parmi les plus scolarisés de l’Amérique du Nord, mais c’est pourtant ici qu’ils chôment le plus ». [4] C’est encore plus vrai dans le cas des femmes qui vivent davantage de discrimination que les hommes.
« Le marché se ferme pour les femmes qui ont fait des études à l’étranger. Les postes accessibles sont généralement au salaire minimum et dans le domaine du service à la clientèle. On nous reproche le manque d’expérience au Québec, mais comment en obtenir si on ne nous donne pas une première chance? » – Anonyme.
Bref, tous ces facteurs constituent des freins à l’embauche des personnes nouvellement arrivées ou immigrantes. Combinés aux préjugés défavorables et aux biais inconscients qui poussent les individus à rechercher, s’associer et faire confiance aux personnes qui leur ressemblent, on comprend vite comment trouver un emploi peut se transformer en parcours du combattant.
Un territoire, un parcours et des qualités à partager
L’attachement naturel au territoire qui nous a vu naître et grandir tend à amplifier l’impression que ce dernier nous appartient, au point d’en oublier parfois les vagues migratoires [et les drames humains] qui ont forgé son histoire.
Les migrants d’aujourd’hui arrivent aux aéroports comme nos ancêtres arrivaient aux gares et aux ports, gonflés d’espoir, en quête d’une vie meilleure.
Depuis toujours, des femmes et des hommes ont bousculé l’ordre établi, modifié le paysage socioculturel et forgé l’identité québécoise.
Depuis toujours, des hommes et des femmes ont fait preuve de courage, de détermination, de débrouillardise, de résilience, ainsi que d’une extraordinaire capacité d’adaptation à travers leur processus d’immigration.
Toutes ces qualités ne sont-elles pas essentielles et transférables au marché du travail ? Une première chance d’entrer dans l’action est souvent tout ce qui manque à une personne nouvellement arrivée pour s’intégrer socialement.
Employeurs : surmontez vos préjugés!
« Les processus d’entrevue sont très subjectifs. Je n’appelle pas beaucoup les personnes qui ont des noms qui me semblent étrangers. En tant qu’employeur, je crains de ne pas être en mesure de gérer les accommodements raisonnables. » – Anonyme
Pourtant, un rapport de la Commission des droits de la personne révèle que la majorité des demandes d’accommodements au travail sont faites pour des motifs qui concernent un handicap physique. Et que seulement 3 % des demandes concernent la religion. D’ailleurs, très peu des employeurs interrogés affirment avoir reçu de demande d’accommodement.
« J’ai toujours engagé des personnes qui me ressemblent et ça fonctionne bien. Pourquoi est-ce que je changerais mon processus d’embauche? Je devrai adapter mes pratiques et je risque de créer des conflits au sein de mon équipe… C’est plus facile de ne rien changer. » – Anonyme
Pourtant, il est démontré qu’embaucher des personnes issues de l’immigration offrent de nombreux avantages. Il est reconnu, entre autres, que les équipes diversifiées ont un taux de satisfaction au travail plus élevé, font preuve de davantage de créativité et d’innovation et savent mieux répondre aux besoins d’une clientèle variée. De plus, elles seraient plus aptes à développer de nouveaux marchés et auraient de meilleurs résultats financiers.
Un contexte favorable au changement de mentalité
« Le futur, c’est maintenant », comme dirait l’adage. La mondialisation des marchés et des activités économiques, de même que la pénurie de main-d’œuvre que vit le Québec exigent des entreprises qu’elles mettent en place des stratégies pour demeurer compétitives.
L’une de ces stratégies est l’embauche et l’intégration de personnes issues de l’immigration. Les entreprises qui font le saut y gagnent un milieu de travail enrichi par bassin de ressources aux profils variés en termes d’éducation, de formation, d’expériences de travail et de vécus.
La réalité virtuelle comme outil de sensibilisation
Le projet « Tu viens d’où ? », créé par le Y des femmes de Montréal, vise à sensibiliser les employeurs et leur personnel aux difficultés d’intégration professionnelle des personnes immigrantes par le biais de la réalité virtuelle. En effet, le projet cherche à susciter une réflexion auprès des acteurs-clés du monde de l’emploi, de même qu’à inviter les entreprises et organisations à améliorer leurs pratiques en matière de diversité ethnoculturelle.
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Le Y des femmes offre deux formules aux entreprises :
- Le forfait « kiosque » consiste à faire vivre à votre personnel et clientèle une expérience immersive dans la peau d’une personne immigrante en recherche d’emploi (avec des casques de réalité virtuelle).
- Le forfait « atelier-interactif » consiste à susciter une réflexion et discussion sur la diversité et l’inclusion aux gestionnaires et employé.e.s impliqués dans les processus d’embauche et d’intégration du personnel.
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[1] et [2] Montréal peine à intégrer ses immigrants au marché du travail
[3] L’expérience du travail au Canada pour les immigrants et les nouveaux arrivants
[4] Des immigrants plus scolarisés, moins employés
Autres références :
Quand on est triplement discriminée
Peut-on être raciste sans le savoir?
Le roulement de personnel coûte 15 milliards
Les immigrants récents peinent à trouver un emploi