Fermer la porte de son bureau et se concentrer exclusivement sur ses tâches professionnelles est un luxe que bien des personnes ne connaissent pas. En effet, pour une majorité de femmes, à l’emploi professionnel s’ajoute une liste quotidienne de charges domestiques qui ont un impact direct sur leur santé mentale d’une part, mais aussi sur leur santé financière. C’est ce que l’on appelle travail invisible.
Un amoncellement de corvées sans fin
Le travail invisible, c’est cette accumulation de tâches non rémunérées qui gangrènent les emplois du temps afin que l’organisation familiale se déroule en souplesse. Par exemple, en s’occupant des devoirs des enfants et de leur transport, de l’épicerie et du ménage. Ainsi, le foyer fait l’économie des frais d’une aide-ménagère ou d’une gardienne. Ces personnes peuvent aussi être en charge de leurs parents vieillissants ou d’un enfant ayant des besoins spéciaux. Tout en ayant un emploi à temps plein à côté, bien sûr.
Le partage des tâches ménagères au sein des familles reposant de façon inégalitaire sur les épaules des femmes. Ce sont surtout elles qui doivent jongler avec des journées morcelées et une charge mentale alourdie. Ainsi, les femmes travaillent environ 1 h 30 de moins en emploi rémunéré, mais passent presque 3 h par jour sur ces tâches ménagères et organisationnelles. (Statistique canada)
Un fort impact sur l’emploi des femmes
Effectivement, afin de pouvoir libérer du temps pour s’occuper de leurs familles et de leurs proches, bien des femmes réduisent leur temps de travail à l’extérieur. En acceptant des postes à temps partiel, elles perdent des occasions d’avancement dans leur carrière, des possibilités d’augmentation de salaire, sans parler de leur épanouissement personnel et professionnel. Elles sont invisibilisées à l’extérieur et réorientées vers la maison.
Une réduction de salaire ou une carrière ralentie a des répercussions à plusieurs niveaux sur la situation économique des femmes :
Le travail invisible des femmes n’étant généralement pas valorisé, ni par les gouvernements ni par les individus, elles sont placées dans un contexte de dépendance financière vis-à-vis de leur conjoint. C’est une situation qui tend à s’amplifier lors d’une séparation : La femme se retrouve avec des revenus plus limités, appauvrie, et son avenir financier s’en ressent sur le long terme puisque cela influencera aussi sur sa capacité à obtenir du crédit ou à prévoir sa retraite. Il est à noter que malgré la garde partagée, c’est la femme qui continuera fréquemment à s’occuper des responsabilités telles que l’achat des vêtements, des fournitures scolaires ou des rendez-vous médicaux.
Reconnaissance mais peu d’actions
Ce travail gratuit, mais nécessaire, est reconnu par l’ONU depuis 1975. Il y a même une journée internationale pour le mettre en valeur. Peu de choses ont changé depuis lors, et la situation de bien des femmes, aggravée depuis la pandémie, ne s’est toujours pas améliorée.
Au Y des femmes, nous accompagnons les femmes dans leurs défis quotidiens, afin qu’elles puissent participer et contribuer à la société à la mesure de leurs capacités. Par exemple, nous offrons des espaces de soutien aux proches aidantes pour leur permettre de respirer un peu dans leur organisation.
Nous encourageons aussi les jeunes et les femmes à briser les stéréotypes de genre à l’égard de leur choix de carrière afin de les orienter vers des secteurs qui leur permettront une réelle autotomie financière.
Enfin, le Y des femmes accompagne aussi les femmes dans leur recherche d’emploi afin qu’elles puissent trouver des postes répondant à leurs ambitions professionnelles, mais aussi à leur besoin de conciliation travail – vie personnelle.
Le travail invisible des femmes est une réalité, pas une fatalité !