Le taux d’inoccupation des logements a atteint 1,9 % à Montréal en juin 2019, son seuil le plus bas depuis plusieurs années. Pour les logements familiaux de trois chambres à coucher ou plus, la proportion chute à 0,8 %.
Des initiatives prometteuses
La Ville de Montréal a pris action et a promis la création de 12 000 logements sociaux et abordables d’ici 2022 [1]. Un nouveau règlement vient aussi d’être déposé et obligera les promoteurs immobiliers à inclure 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux dans tous leurs grands projets immobiliers.
Le nouveau règlement prévoit une diminution des coûts des logements ayant trois chambres à coucher ou plus pour les familles à revenus modestes. Le gouvernement du Canada a quant à lui mis en place une stratégie pour mettre en place des initiatives qui visent à combler les besoins en matière de logement au pays.
Une analyse genrée doit faire partie de la solution
Les politiques en matière de logements abordables comme le Règlement pour une métropole mixte [2] et la Stratégie nationale sur le logement [3] adoptés par la Ville de Montréal et le Gouvernement du Canada sont prometteuses, mais doivent tenir compte de la spécificité des femmes. Celles-ci sont presque cinq fois plus nombreuses que les hommes à consacrer plus de 30 % de leur revenu pour se loger [4].
Alors qu’elles sont responsables de plus de la moitié des ménages locataires, les femmes sont toujours plus à risque d’être mal logées, notamment en raison de leur plus grande pauvreté, et plus nombreuses à vivre de l’insécurité dans leur logement.» [5]
Une analyse genrée… et intersectionnelle
La situation est encore plus critique pour les femmes jeunes, âgées, immigrantes ou racisées, autochtones ou handicapées. Ces minorités, en plus de devoir consacrer des proportions énormes de leur budget pour se loger, vivent davantage d’insécurité dans leur logement et doivent composer avec des situations de discrimination flagrante [6].
Le manque de logements pour femmes, non-mixtes, permanents, abordables et sécuritaires est criant et engorgent les ressources d’hébergement d’urgence. Celles-ci sont d’ailleurs moins nombreuses à être dédiées aux femmes (16 % seulement à Montréal). Elles sont aussi trois fois moins financés que les ressources d’hébergement d’urgence pour homme, et ce, malgré un taux d’occupation supérieur (103,9 % pour les femmes comparativement à 85 % pour les hommes) [7].
Dans presque toutes les sphères de la vie sociale, être une femme demeure encore aujourd’hui un facteur de risque. Le Y des femmes croit que l’accès à un logement sécuritaire est un droit fondamental et qu’une analyse intersectionnelle des enjeux et besoins spécifiques des femmes doit être appliquée face à la pénurie de logements abordables.
Du soutien communautaire pour plus de stabilité résidentielle
En outre, le Y des femmes croit qu’un réseau d’appartenance fort constitue un facteur majeur d’inclusion. En ce sens, le soutien communautaire en logement social est une dimension importante de la stabilité résidentielle des femmes à ne pas négliger dans le financement des projets immobiliers [8].
[1] Montreal veut construire 12000 logements d’ici 2022
[2] Règlement pour une métropole mixte : Favoriser l’accès à un logement convenable pour toutes et tous
[3] Stratégie nationale sur le logement
[4] État des lieux des enjeux de logement vécus par les Montréalaises, Table des groupes de femmes de Montréal, Mars 2019
[5] Dossier noir, Femmes, logement et pauvreté, 5e édition, Front d’Action Populaire en Réaménagement Urbain (FRAPRU), mars 2019
[6] Pénurie de logements: des proprios discriminent sans gêne
[7] FRAPRU, Ibid.
[8] Autres références:
Le soutien communautaire favorise la stabilité résidentielle des femmes
Il faut plus de soutien au logement social